Mon cœur raconte, à travers plusieurs histoires emmêlées, un des plus gros scandales sanitaires français.
Eté 2014, je vois Irène Frachon à la télévision.
Son courage et sa détermination me touchent.
Une héroïne d’aujourd’hui comme j’ai besoin d’en voir sur les plateaux de théâtre.
Je la rencontre.
Elle me parle de son combat. Des malades pour qui elle se bat avec acharnement. Elle est émue. Toutes les cinq minutes, elle reçoit des messages de patients qui lui donnent des nouvelles, racontent leurs examens, leurs expertises. Elle est là pour eux. Plusieurs fois, en parlant, elle a les larmes aux yeux.
Elle me donne les coordonnées de victimes du Médiator.
Je vais à leur rencontre, chez eux.
Paris, Lille, Marseille, Carcassonne, Dinard…
A mon tour, je suis profondément remuée quand ils me racontent.
Certaines femmes sont jeunes. L’une d’entre elles avait mon âge, 37 ans, quand elle a été opérée à cœur ouvert.
Je rencontre un des avocats qui les défend. Je m’intéresse au droit des victimes dans notre pays. Ca me passionne.
J’écris. Beaucoup. Beaucoup trop.
Je dois choisir ce que j’ai envie de raconter.
Irène m’a amené aux victimes et c’est d’elles que je veux parler.
J’écris l’histoire d’une femme qui contient un peu de chacune des personnes que j’ai rencontrées. Je l’appelle Claire Tabard. Elle est hantée depuis l’enfance par les problèmes de poids. Un médecin lui prescrit du Médiator après une grossesse et elle s’effondre 7 ans plus tard devant son fils. Elle subit une opération à cœur ouvert, on remplace ses valves abimées par des valves mécaniques. Ca lui laisse des séquelles et un traitement à vie. Son cœur est changé à jamais, son rapport aux autres aussi. Des années plus tard, elle comprend en entendant Irène Frachon à la radio, que c’est ces pilules avalées pour maigrir qui ont failli la tuer.
Commence alors un long chemin. Elle était malade, elle devient victime d’un empoisonnement. Le statut de victime, ça lui donne des droits, celui de se battre, celui d’attaquer. Et c’est ce qu’elle va faire, accompagnée par Hugo, un avocat spécialisé en droit des victimes et par Irène, qu’elle appelle « sa guerrière ». Dans ce chemin, elle se réappropriera son corps, mal aimé puis saccagé, et son estime d’elle même, abimée par une société qui impose des normes physiques drastiques tout en dévalorisant sans cesse notre désir d’y parvenir.
Pauline Bureau, 6 février 2017
LA PRESSE EN PARLE...
"La réussite de ce spectacle hors norme tient aussi beaucoup au talent des comédiens - notamment le trio formé par Catherine Vinatier (Irène), Marie Nicolle (Claire) et Nicolas Chupin (Hugo), remarquables de vérité et d’humanité. Sans manichéisme, avec l’art singulier et engagé d’une femme de théâtre d’aujourd’hui, Pauline Bureau rend leur dignité, voire un peu d’espoir aux victimes du Médiator. Voilà pourquoi « Mon cœur » est énorme". Les Echos
"Cette création de Mon cœur fera date. Elle culmine déjà très haut dans le roman de la douleur. C’est, affirmons-le, ce que l’on peut voir de meilleur sur nos scènes en ce moment". Médiapart
"Durant toute la durée du spectacle, le spectateur retient son souffle, oscille entre le rire et les larmes. Car jamais la pièce ne tombe dans le pathos : l’écriture est extrêmement dynamique, la mise en scène avant-gardiste, et les acteurs d’une justesse absolue. Francetvinfo
"La scénographie remarquable permet de suivre en parallèle, grâce à deux plateaux, les différents champs des protagonistes avec leurs va-et-vient d’ombres tournantes, et leurs paroles résonnent parfois comme des crescendos, crachats de souvenirs tels qu’ils se présentent à la conscience qui rejoue l’instant passé pour l’instant présent. Ce sentiment d’instance est à l’œuvre dans ce spectacle saisissant qui défend la cause d’Irène Frachon et la nôtre du même coup avec vigueur et pudeur." Le Monde.fr
"Pauline Bureau livre avec "Mon cœur" une œuvre absolument magistrale. A voir impérativement." Froggydelight