Dorothée Munyaneza invente la danse des corps rescapés. Une aisance. Une poésie d’être. Un flottement d’enfance. Chaque fois que l’on a pu voir en scène Dorothée Munyaneza, qu’elle danse pour d’autres, ou qu’elle chante, d’une voix à la fois profonde et légère, il semble que l’air se soit amplifié d’une intensité particulière. Mystère de la présence, où se tait ici une blessure profonde, nommée Rwanda.
La jeunesse de Dorothée Munyaneza y a rencontré l’horreur du génocide. Vingt ans plus tard, pouvoir aujourd’hui raconter cela, évoquer la fuite « sur les routes parsemées de corps, de sang et de silence », sans s’abandonner pour autant au seul pathos du témoignage. Mais redonner vie aux disparus, aux souvenirs d’avant, comme cette émission de radio, Samedi Détente, qui diffusait des musiques venues d’ailleurs sur lesquelles les gens chantaient et dansaient.
Autour de Dorothée, pour ce périple au cœur de la mémoire, le compositeur et improvisateur Alain Mahé, grand sculpteur d’espaces sonores et la danseuse ivoirienne Nadia Beugré : « Notre danse sera la danse des corps animés, rescapés ».
Vivante, face à ce qui ne peut s’oublier